VŒU RELATIF À LA RECONNAISSANCE DES MASSACRES DU 8 MAI 1945 EN ALGÉRIE
VŒU RELATIF À LA RECONNAISSANCE DES MASSACRES DU 8 MAI 1945 EN ALGÉRIE

VŒU RELATIF À LA RECONNAISSANCE DES MASSACRES DU 8 MAI 1945 EN ALGÉRIE

Voici le voeu que nous présenterons au Conseil municipal de Valence – Séance du 23 juin 2025

En 2025, à l’occasion des commémorations du 19 mars 1962, Mme Patricia Mirallès, ministre déléguée chargée de la Mémoire et des Anciens combattants, appelait à ce que la mémoire soit « la lumière qui éclaire les générations présentes et à venir, pour que l’Histoire ne se répète pas, pour que la souffrance d’hier ne nourrisse pas les fractures d’aujourd’hui ».

Alors que nous venons de célébrer le 80e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, il est essentiel que ce qui a été qualifié d’« autre 8 mai 1945 » bénéficie lui aussi de cette lumière.

En effet, le 8 mai 1945, tandis que la France célébrait la victoire contre le nazisme, des répressions sanglantes débutaient à Sétif, Guelma et Kherrata en Algérie. De nombreux Algériens s’étaient rassemblés pacifiquement pour saluer la fin du conflit mondial et revendiquer la liberté, l’égalité et l’indépendance. À Sétif, l’assassinat d’un jeune scout algérien brandissant un drapeau national par un policier français déclencha des émeutes, suivies d’une répression d’une violence extrême.

Pendant plusieurs semaines, l’armée française et des milices coloniales firent régner la terreur pour rétablir l’ordre colonial. D’anciens combattants algériens démobilisés, porteurs d’espoir et de revendications légitimes, furent eux aussi visés.
Les historiens s’accordent aujourd’hui pour évaluer le bilan à plusieurs dizaines de milliers de victimes, arrêtées, torturées, exécutées sans jugement.

Dans un contexte actuel où les mémoires sont trop souvent instrumentalisées, l’année 2025 doit être l’occasion d’une parole politique claire et d’une reconnaissance sans ambiguïté de ces crimes coloniaux, en tant que crimes d’État.

À Valence, ville profondément marquée par les migrations issues de l’histoire coloniale, et notamment de la région de Guelma et du Constantinois, cette reconnaissance aurait une portée symbolique forte. Une large partie de nos concitoyens valentinois entretient une mémoire vivante et douloureuse de ces événements, tissée entre l’Algérie et la France, entre Guelma et Valence.

Nous estimons donc fondamental d’initier dès 2026 une commémoration municipale de ces massacres du 8 mai 1945, pour adresser un message de vérité, de justice et de paix. Il s’agit de reconnaître une histoire partagée, souvent tue, qui relie intimement les destins français et algériens.

En conséquence, considérant que :

  • Une démocratie digne de ce nom doit pouvoir regarder son histoire en face, y compris ses pages les plus sombres ;
  • Le Conseil de Paris (2015), ainsi que ceux de Rennes, Nanterre, Ivry-sur-Seine et d’autres, ont adopté des vœux similaires ;
  • Cette reconnaissance constitue un acte de mémoire, de vérité et de réconciliation, au service de l’avenir commun des peuples français et algérien ;

Le Conseil municipal de Valence :

  • DEMANDE au Président de la République et à la ministre déléguée chargée de la Mémoire et des Anciens combattants :
  • De reconnaître officiellement les massacres du 8 mai 1945 en Algérie comme un crime d’État ;
  • D’ouvrir les archives relatives à ces événements ;
  • D’inscrire ces faits dans la mémoire nationale, notamment à travers leur enseignement dans les programmes scolaires ;
  • CHARGE Monsieur le Maire de transmettre ce vœu au Président de la République, au Premier ministre et aux parlementaires de la Drôme ;
  • AFFIRME que cette reconnaissance est un acte d’humanité et de responsabilité qui honore la mémoire des victimes et renforce les liens d’amitié et de respect entre les peuples français et algérien ;
  • SOUTIENT les initiatives de la société civile visant à organiser des commémorations, conférences ou actions mémorielles locales autour du 8 mai 1945 en Algérie.